Compte-rendu du fauchage de Nonette

Avec pas mal de retard, voici un compte-rendu des différents évènements qui se sont déroulés depuis samedi 27 août, dans le cadre de la dernière action des Faucheurs volontaires.

Environ 400 ou 500 faucheurs se sont retrouvés près d'Issoire (Puy de Dôme) avec pour objectif le fauchage d'une parcelle de maïs, soit disant thérapeutique d'à peu près, 6 hectares.
Cette action qui se voulait discrète, mais en plein jou,r n'a pu être réalisée compte-tenu d'une présence policière plus qu'importante. Nous nous sommes donc rabattus sur deux autres parcelles moins surveillées en apparence, dont une a pu être fauchée malgré la surveillance d'un petit groupe de gendarmes qui n'ont mis aucune ardeur à défendre le champ.

Sur l'autre parcelle, les choses ont été plus compliquées : présence de gendarmes un peu moins compréhensifs (avec un hélicoptère hérissé de caméras) et, surtout, toute une troupe de pseudo-paysans aux ordres de la FNSEA et de Limagrain, ouvertement hostiles, dans des véhicules visiblement équipées d'émetteurs CB, et même un tracteur.

Notre manque d'organisation et d'analyse de la situation se sont soldés par une entrée dans la parcelle, dans un premier temps, d'un petit groupe de Faucheurs et, ensuite, de la presque totalité du groupe.
Les gendarmes sont alors entrés en action (matraquages, gazages à bout portant, arrestations). En moins de dix minutes un dizaine de copains ont été appréhendés souvent avec une violence qui ne s'imposait pas, pendant que les paysans-nervis cachés dans le champ bastonnaient, sans opposition des bleus, les faucheurs encore en liberté.

Nous avons alors quitté les maïs pour nous placer dans une friche face à la parcelle, afin de tenter d'obtenir la libération des copains.
Un autre excité est alors arrivé dans la friche au volant de son tracteur disposant d'une fourche à l'avant. Il nous a pourchassés pendant une ou deux minutes au risque d'écraser certains d'entre nous. Là encore la gendarmerie n'a pas réagi…

Cinq nouveaux copains ont été stoppés, gazés et malmenés par les gendarmes pendant que nous nous replions vers nos voitures.

Bilan global :
- 15 interpellations dont Franck et Serge,
- un blessé grave, toujours de l'Hérault, (fracture de la main à la suite d'un coup de batte de base-ball asséné par un nervi),
- quelques blessés "légers" (morsures de chien, coups de matraque, gazage, etc.).

Lorsque nous avons regagné les voitures nous avons eu une nouvelle mauvaise surprise :
- environ 60 pneus crevés (sur 27 véhicules), avec des entailles de 5 à 10 centimètres,
- 2 voitures poussées dans le fossé,
- plusieurs voitures avec les portières ou les ailes enfoncées (par une Golf, conduite par un paysan qui a rapidement été identifié par le maire du village).

Encore une fois des gendarmes, présents sur les lieux, occupés à relevé les immatriculations des voitures ne sont pas intervenus (une faucheuse en a été témoin et elle a même fourni l'immatriculation de la Golf…).
Un membre de notre groupe (qui était resté près des voitures pendant le fauchage, avec son jeune fils) a été frappé par les mercenaires.

Il a fallu plusieurs heures pour remettre la plupart des véhicules en état.

Nous avions entre temps appris que nos copains avaient été mis en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie, à Clermont-Ferrand. Nous sommes donc allés en faire le siège dans le but d'obtenir leur libération.
Depuis samedi 27, vers 19h00, jusqu'à lundi, nous nous sommes relayés devant la gendarmerie, pour réclamer leur libération et leur remonter le moral, à grand renfort de musique concrète : bidons, casseroles, panneaux de circulation, etc., ont servi de caisses de résonance aux talents musicaux multiples des manifestants.

Les gardes à vue ont été prolongées deux fois de 24 heures et se sont terminées en apothéose, lundi matin, par la décision du procureur de présenter les inculpés en comparution immédiate (flagrant délit, comme pour les gangsters).
Nous n'avons pas encore de détails sur ce qui s'est passé pendant l'audience. Franck nous racontera tout cela bientôt…

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Contact : fauchnonette@free.fr octobre 2005